À propos

Le projet

En 2019, le premier ministre Kyriakos Mitsotakis annonçait la fermeture des mines de lignite de Macédoine Occidentale à l’horizon 2027 et la « transition » de la Grèce vers les énergies renouvelables (solaire, éolien, hydrogène). Cette mutation technique est présentée comme une solution aux enjeux soulevés par le changement climatique : elle doit permettre de préserver l’environnement tout en maintenant la croissance grâce au développement d’une économie verte.

Dans la région de Macédoine Occidentale, caractérisée par la monoculture économique mise en place par PPC à la fin des années 1950, les pertes d’emplois s’annoncent pourtant massives. Elles toucheront non seulement le secteur de l’énergie mais l’ensemble des industries et des services qui s’étaient développés autour de lui. Le gouvernement cherche à apaiser les craintes en annonçant la mise en place d’un grand « hub des énergies renouvelables » vers lequel les emplois et les compétences locales seront transférées.

Mais la « transition » n’est pas un simple changement de ressources ou de technologies, ce n’est pas une simple mutation technique, c’est une autre manière de travailler : des mines de lignite aux parcs solaires et éoliens ce ne sont pas les mêmes nombres de travailleurs, les mêmes contrats, les mêmes fonctions, les mêmes matériaux et les mêmes outils, etc. Comment ces formes de travail influencent-elles les relations entre collègues, avec la hiérarchie, dans les luttes syndicales ?

La transition énergétique c’est aussi l’émergence de nouveaux acteurs citoyens, qui ne travaillent pas dans le domaine de la production d’énergie, mais revendiquent un droit à participer aux décisions qui le concerne. Depuis 2018, et la mise en place d’un cadre juridique dédié par l’Union Européenne, on assiste ainsi au développement des communautés d’énergies renouvelables qui permettent à des associations de citoyens de gérer la production et la distribution d’énergie issue d’infrastructures locales. Parallèlement, de plus en plus de projets d’énergies renouvelables d’échelle industrielle, notamment installés sur des terres agricoles ou des espaces naturels, font l’objet de contestations de collectifs citoyens qui dénoncent leurs effets délétères sur l’environnement et la société. Comment l’intervention de ces nouveaux acteurs transforme-t-elle la relation entre producteurs et consommateurs d’énergie ?

Cette recherche s’intéresse ainsi aux mutations des relations politiques qui se structurent autour de la production d’énergie. Elle interroge les nouvelles contraintes qui pèsent sur les travailleurs réels mais aussi les futurs possibles qui se dessinent dans les expériences de solidarité qui les unissent aux consommateurs.

En croisant une large diversité de points de vue, ayant pour seul point commun d’émaner de la base de la société, il s’agit de donner à entendre un récit à plusieurs voix de l’expérience d’un changement dont ils nous restent à définir la direction.

Qui suis-je ?

Je m’appelle Margot Verdier et je suis une sociologue de terrain originaire de France. Mes recherches portent sur différents sujets : la transition énergétique, les pratiques organisationnelles des luttes sociales anticapitalistes et antiautoritaires, et l’éthique de la recherche scientifique. J’ai enseigné pendant 5 ans dans des universités françaises et je suis maintenant une chercheuse indépendante basée en Grèce. Mon premier livre, Le commun de l’autonomie. Une sociologie anarchiste de la zad de Notre-Dame-des-Landes, publié en 2021 aux éditions du Croquant, examine la possibilité d’une forme « anti-autoritaire » de vie collective où l’égalité et la liberté individuelle sont placées sur un pied d’égalité. J’ai également publié des articles sur l’éthique de la recherche de terrain en mettant l’accent sur la protection de l’identité et des données personnelles des participant·e·s. Ma recherche actuelle – le sujet de ce site web – interroge l’évolution du système de production d’énergie, son impact sur les travailleurs et, plus largement, sur les relations socio-politiques dans les sociétés contemporaines.

Comment ce projet est-il financé ?

Ce projet a reçu une bourse Independent Scholar Fellowship 2024 attribuée par l’Independent Social Research Foundation (ISRF). Basée aux Pays-Bas, l’ISRF est une fondation d’utilité publique créée en 2008 par un groupe de philanthropes dans le but de soutenir des chercheurs et chercheuses indépendant·e·s explorant des approches originales de « problèmes sociaux réels » (plus d’informations ici : https://www.isrf.org/#about).

La recherche est hébergée par l’école de sciences politiques de l’Université Aristote de Thessalonique (plus d’informations ici : https://www.polsci.auth.gr/en/basic_page_polsci/the-school-of-political-sciences/).

Comment est-ce que je travaille ?

Cette recherche vise à comprendre l’expérience de la transition énergétique des travailleurs de l’énergie et d’autres acteurs émergents du secteur comme des membres des communautés énergétiques. La méthode principale de la recherche est donc l’interview. Ces interview ne prennent pas la forme d’un jeu de questions/réponses mais d’une conversation entre la chercheuse et la personne participante autour de différents thèmes (c’est ce qu’on appelle un entretien semi-directif dans le jargon sociologique).

La méthodologie de l’enquête se fonde sur une éthique de respect des participant·e·s. Leurs identités et leurs données personnelles sont protégées et ne sont jamais communiquées à un tiers, qu’il s’agisse d’une entreprise privée ou d’une institution publique.