Les travailleurs/euses de l'énergie en chiffres - Démographie

Jan 2025
La démographie de la Macédoine occidentale est historiquement liée à l'industrie de la production d'énergie. La population des villes minières de Ptolemaida et de Kozani a augmenté régulièrement jusqu'à ce que la production atteigne son maximum en 2001. Depuis lors, la privatisation de PPC, la transition vers d'autres sources d'énergie et les pertes d'emploi qui en ont découlé ont entraîné le départ de nombreux travailleurs/euses. Ce déclin démographique est l'une des principales préoccupations exprimées par les résidents/es.

Selon le dernier recensement de la population effectué en 2021, la Grèce compte 10 482 487 habitants/es dont 51 % de femmes (Elstat, 2021). Avec 254 595 habitants/es, la Macédoine occidentale, troisième région la moins peuplée de Grèce, représente 2,4 % de sa population. Les femmes, qui représentent 50,16 % des habitants/es de la Macédoine Occidentale, sont légèrement sous-représentées par rapport à la moyenne nationale.

L’évolution de la démographie régionale suit celle de la production d’électricité à partir du lignite, autour de laquelle s’est développée une monoculture économique. En effet, son pic démographique a eu lieu en 2001 (294 317 habitants/es) à une période où la production était en pleine croissance, pour atteindre son plus haut niveau historique en 2004 avec 72 mégatonnes de lignite extraites cette année-là (Eurostat, 2023).

Ce pic démographique s’explique toutefois principalement par la croissance économique des décennies précédentes. La pyramide des âges de 2001 montre que la génération en âge de travailler est la plus nombreuse avec 40,5 % de la population situé entre 25 et 55 ans (Elstat, 2001). Le dynamisme de cette génération se traduit également par l’importance démographique de la génération de ses enfants (30 % de la population).

Au même moment, cependant, l’emploi dans le secteur de l’énergie commence à diminuer. En effet, pour se conformer aux impératifs d’intégration de l’Union Européenne, PPC lance un processus de privatisation, devenant une Société Anonyme en 2001. L’ancienne entreprise publique responsable de la création d’emplois dans la région réorganise sa main-d’œuvre dans le but de réduire les coûts et de maximiser les profits (Vetta, 2020, p.28). D’environ 9000 travailleurs/euses réguliers/ères en 1997, on passe alors à 6000 en 2005 et à 4000 en 2012 (Vetta, 2020, p.29). Si les innovations technologiques jouent également un rôle, Adonis Agelopoulos1, un ancien ingénieur à la retraite, explique que l’emploi a surtout été affecté par la privatisation de PPC :

« Jusqu’à récemment, les changements technologiques étaient très lents et concernaient relativement peu de personnes dans des secteurs spécifiques. Par exemple, l’électronique a bien sûr été affectée par la numérisation. Pour le reste, les changements ont été lents et très extensifs. C’était principalement des changements d’échelle : on a commencé avec plusieurs unités produisant quelque chose comme 70 mégawatts pour arriver à une unité produisant jusqu’à 600 mégawatts. (…) Dans la production de lignite, on n’a pas connu la même situation que dans d’autres industries où la mécanisation a entraîné des pertes d’emplois. Dans notre secteur, c’était principalement dû à des décisions politiques qui ont commencé à être prises dans les années 1990. »

Le processus de privatisation de PPC a provoqué des ruptures biographiques importantes, que l’on retrouve dans les entretiens lorsque les participants/es évoquent leur parcours professionnel, celui de leurs enfants ou le déclin de leur ville. La diminutions des possibilités d’emploi dans une économie régionale largement dominée par le secteur de l’énergie a plongé la génération âge de travailler dans une situation très précaire. De nombreuses personnes ont choisi d’émigrer vers d’autres villes ou pays offrant de meilleures opportunités. Depuis 2001, la population a diminué de 13,5 %, principalement après la crise économique de 2011 (10,3 %) (Krommyda, 2024, p.179). En 2021, la pyramide des âges montre un pourcentage important de personnes âgées de plus de 60 ans: elles représentent 32,7 % de la population de la Macédoine Occidentale (29,4 % au niveau national – Elstat, 2021). Même si la population européenne vieillit, le phénomène est plus intense en Macédoine Occidentale où le taux de dépendance des personnes âgées atteint 39,6 % (c’est-à-dire que pour cent personnes en âge de travailler, il y a 40 retraités – 32 % en moyenne dans l’Union européenne). Et le phénomène s’accélère rapidement puisqu’en 2018, le rapport de la Banque Mondiale évaluait le taux de dépendance des personnes âgées à 37 % (Christiaensen et Ferré, 2018, p.8).

1Tous les noms ont été changé pour préserver l’anonymat des participants/es.

Sources

Elstat, Population Census, 2001. URL : Μ02. Μόνιμος πληθυσμός κατά φύλο και ομάδες ηλικιών. Σύνολο Ελλάδος, Γεωγραφικές ζώνες ( NUTS I), περιφέρειες ( NUTS II ), νομοί, δήμοι-κοινότητες και δημοτικά-κοινοτικά διαμερίσματα

Elstat, Population Census, 2021. URL : Α03. Μόνιμος Πληθυσμός κατά φύλο, ομάδες ηλικιών και επίπεδο εκπαίδευσης. Περιφέρειες

Eurostat, Production of lignite in the EU – statistics, 2023. URL : https://ec.europa.eu/eurostat/statistics-explained/index.php?title=Production_of_lignite_in_the_EU_-_statistics

Vasiliki Krommyda, Εργασία και ενεργειακή μετάβαση. Μεταβαλλόμενες γεωγραφίες εργασιακής επισφάλειας και απολιγνιτοποίηση στην Περιφέρεια Δυτικής Μακεδονίας, Phd thesis in Geography and Regional Planning, Athens, National Technical University of Athens, 2024.

Theodora Vetta, “Bondage unemployment and intra-class tensions in Greek energy restructuring”, in Susana Narotzky (ed.), Grassroots Economies: Living with Austerity in Southern Europe, London, Pluto Press, 2020.

Luc Christiaensen and Céline Ferré, Just Coal Transition in Western Macedonia, Greece – Insights from the Labour Market, World Bank, October 2020.